Ce travail est né de la volonté de créer une sorte de monde parallèle et mystique, inspiré des contes fantastiques. Dans ce type de récit, il existe une intrusion du surnaturel qui intervient dans un cadre parfaitement réaliste. Le théoricien Tzevtan Todorov dans son introduction à la littérature fantastique, explique que la spécificité du fantastique réside dans l'hésitation qu'il produit entre le surnaturel et le naturel, le possible ou l'impossible et parfois entre le logique et l’illogique. C’est en ce sens que les images qui constituent le corpus de la série sont toutes des images d’archives réalisées il y a plusieurs années, lors de voyages et de moments passés en bord de mer. J’ai ainsi fouillé ces archives à la recherche de paysages, et avec le travail du tirage argentique, de la superposition ainsi que beaucoup d’expérimentation en post-production, je suis venue modifier le réel, l’imaginaire classique de l’horizon balnéaire, en venant y ajouter des éléments qu’on pourrait qualifier d’ « illogiques » ou d’absurdes.
Ces représentations, dans ce qu’elles ont de fantasmagoriques, viennent également questionner et faire appel aux souvenirs, et aux images que l’on se fait des endroits qui nous ont marqué. Sans la photographie, il n’y a pas de possibilité de représenter le réel, et c’est donc tout naturellement que l’on imagine ces lieux comme différents de ce qu’ils sont réellement, d’autant de façons différentes et subjectives qu’il existe de sujets percevants. Ce travail permet d’associer les deux idées, a priori antinomiques, que sont l’évocation et la réalité, et de mettre en lumière les rapports qu’entretiennent la représentation du réel grâce au médium photographique et la puissance du souvenir et de nos perceptions subjectives.
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