Friche : incohérence esthétique de l’ordre de l’étincelle, rencontre fugitive qui éclaire un morceau du temps (Gilles Clément dans Le jardin en mouvement, 1991).
L’idée de ce projet est né de la lecture du Manifeste du Tiers Paysage écrit par Gilles Clément en 2020. Il a lui même théorisé ce terme pour désigner l'ensemble des espaces qui, négligés ou inexploités par l'homme, présentent davantage de richesses naturelles sur le plan de la biodiversité que les espaces sylvicoles et agricoles. Il regroupe trois sous-catégories de lieux ; les ensembles primaires, les réserves et les délaissés.  C’est sur cette troisième catégorie que j’ai décidé de me pencher pour mon travail, et plus particulièrement sur les friches urbaines présentes sur le territoire lyonnais et ses alentours. Mon intention a été de montrer en quoi le vide architectural amène le plein de biodiversité. À la lumière de travaux d’artistes tels que Lara Almarcegui, Maria Theresa Alvez ou encore Myr Muratet, je me suis intéressée à la place accordé au vivant dans nos sociétés contemporaines. De la même manière qu’une enquêtrice, je me suis ainsi mise à répertorier et classer tous ces lieux en transition afin de m’y rendre et d’en dresser l'inventaire le plus complet possible. Le protocole de prise de vue fut le même pour chacun d’eux, d’un point de vue  large au départ, je me suis peu à peu rapprochée et ai tourné autour de mon sujet, en finissant par être au plus près des sols  dans le but d'en dévoiler les composantes. Ma série comporte ainsi plusieurs types de photographies, allant du figuratif jusqu’à l’abstraction. Au fil des images, on se rapproche de plus en plus de ces sols, toute trace de construction humaine disparait lentement, pour ne  laisser place qu'aux substrats qui composent cette terre en pleine mutation.

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