« Îles muettes, Îles immobiles, 
Îles inoubliables et sans nom, 
Je lance mes chaussures par dessus bord car je voudrais bien aller jusqu'à vous. »
Blaise Cendrars
Ce travail revisite et analyse de la figure du naufragé, de l’ermite, de l’insularité et des conséquences de celle-ci. Je propose à travers un film photographique de faire le portrait d'une île, de cet espace particulier où l'on peut faire  l’expérience d'un temps différent. La temporalité de l’île s’entremêle à la figure du naufragé, qui entre errance et découvertes, s'approprie un territoire nouveau et fait l’expérience d'un temps sans limite. Ce travail a également pour intérêt de dépeindre la figure de l’ermite, au regard notamment des interrogations très contemporaines de « retour à l’état sauvage », « retour à la solitude » et d’éloignement des urbanisations. Tout au long du film, on observe un personnage qui pourrait être chacun d’entre nous et qui s’épanouit dans une solitude et un en-sauvagement.
À travers ce projet, je questionne la décroissance comme étant un  modèle possible, un arrêt de productivité, un retour à une vie faite de contemplations et entourée de la nature. Le film a prit racines à plusieurs endroits  ; tout d’abord, l’intérêt que je porte depuis très longtemps aux îles, qui sont pour moi des territoires de fascination, d’évasion et d’eldorado. La lecture de Vendredi ou les Limbes du Pacifique de Michel Tournier, qui est une revisite du mythe classique de Robinson écrit par Defoe est venu renforcer cette fascination pour l’insularité. Dans son livre, Tournier nous propose une nouvelle figure de l'ermite. En effet, il questionne le rapport que le naufragé entretient avec son territoire, et décrit la manière dont il va peut à peu apprendre à l’aimer, jusqu’à choisir d’y passer le reste de sa vie. Mon travail questionne ce moment. Ce rapport à l’insularité qui nous renvoie à notre propre solitude. Mon intention fut d'envisager  l'île comme  une métaphore de nous même, de ce que l’on ressent dans notre plus profonde intimité.  En outre, ce classique de la littérature et ses multiples revisites (les « robinsonnades »), peuvent être considérées comme des métaphores de nos désirs de vie, assurément, qui n’a pas un jour rêvé de s’essayer à cette expérience de survie en terre inconnue, ne serait-ce que le temps d’une journée ?

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